Exposition de peinture de N.V. Kouzmine « Mythes et réalité » 
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Natalia Ioustitskaïa, artiste-peintre moscovite, a écrit un article sur l'artiste moscovite Nikolaï Kouzmine.

 

 

Décembre 2021
(Parution papier dans la revue de l'Union moscovite des artistes (M.S.H.)
« Le monde de la peinture (Mir jivopisi) » en mars 2022)

 

Tableau : « Un jour de mars. Cour monastique ». 2015

 

Natalia IOUSTITSKAÏA

 

Du 13 au 25 décembre 2021, dans la salle d'exposition de l'Amicale des peintres de l'Union des artistes de Moscou, au 20, rue 1-aïa Tverskaïa Ïamskaïa, se tiendra une exposition des œuvres d'un éminent représentant de l'école de peinture de Moscou, un artiste dont la créativité lui a valu une large reconnaissance, tant en Russie qu'à l'étranger : Nikolaï Vassiliévitch Kouzmine.

 

Nikolaï Vassiliévitch est né le 14 août 1938 dans le village de Talynskoïe, oblast de Nijni Novgorod. Après avoir suivi une école d'art dans la ville ancienne de Pavlovo-sur-l'Oka, riche en métiers traditionnels, il intègre l'école supérieure d'art Stroganov dont il sortira diplômé.

Tout ce qui a entouré l'artiste dans son enfance - l'architecture russe, les chansons folkloriques et les contes populaires, les jouets peints et les objets du quotidien décorés - tout cela devait laisser une empreinte indélébile dans l'âme du futur peintre et se constituer en thèmes récurrents qui marqueront son œuvre pendant de nombreuses années.

C’est sur ces bases qu’ont été réalisées les séries « Scènes populaires » et « Sur la route de Mourom », entre autres. Tels un miroir, elles reflètent ce sens de la beauté qui, dans l'art populaire, est directement issu du cœur. Chaque tableau ou presque s’accompagne d'extraits de poésie ou d'une chanson folklorique russe, qui complètent des images associées aux lieux de l'enfance, à la mère, au premier souvenir d’un perron éblouissant, baigné dans la lumière du soleil, devant la maison natale. Dans ces œuvres, la peinture fait office de support permettant de conserver les moments lumineux de la vie, elle autorise un retour sur les pas de l'enfance, vers la lumière et la joie du foyer familial.

Son diplôme en poche à la sortie de l'école Stroganov, Nikolaï Kouzmine s'installe à Moscou et peint avec une sorte d’ivresse, d'après nature, cette ville qu'il aime tant. Élaborant peu à peu sa propre technique de peinture, l'artiste transpose avec ravissement sur la toile le charme qu'exerce sur lui l'architecture ancienne, il peint des domaines, des monastères. Des œuvres qui composent une série de paysages moscovites émane un profond respect de la place que tiennent ces lieux dans l'histoire. Fidèle à son credo créatif, l'artiste transmet au travers de ces images le souffle de traditions séculaires et la puissance de la culture populaire. Les toiles « Le monastère Simonov. Lumière de la mémoire des ancêtres » ou « Au cœur de la Russie » sont pénétrantes et précises dans leur polyphonie figurative colorée.

À partir de 1970, Nikolaï Vassiliévitch commence à prendre part activement à des expositions d'art. Les thèmes de la nature indigène et de l'architecture russe demeurent au centre de son œuvre. Et paradoxalement, c'est sa passion pour ces motifs qui le conduira en Europe. Dans les années 1990, il se rend tout d’abord au Danemark, puis en Angleterre et en France. Une attitude au monde empreinte de spiritualité, en même temps qu'un sens artistique aigu allié à une expressivité picturale, lui valent renommée et reconnaissance.

Par le style caractéristique et expressif qui se dégage de son travail d'après nature, l'artiste parvient à créer des œuvres étonnamment subtiles et qui témoignent en même temps d’un profond ressenti dans leur intensité colorée.

En réalité, la légèreté apparente n'est obtenue qu'au prix d'une grande maîtrise de cet art. Le travail sur la toile est précédé de recherches préparatoires fouillées : esquisses de composition, études à l'aquarelle, choix de la couleur, définition du « sens » que devra porter le sujet. Et ensuite seulement, le passage à la toile, à laquelle Nikolaï Vassiliévitch travaille avec détermination et audace, réalisant habituellement le travail d’une traite afin de préserver la fraîcheur et l'immédiateté de la perception intérieure.

La peinture de Kouzmine se caractérise par son désir intrinsèque d'exprimer avant tout un sentiment venant du cœur. Nikolaï Vassiliévitch confie que chacune de ses œuvres exprime la gratitude face à la beauté qu'il lui est donné de voir. Lorsqu'on l'interroge sur ce qui préside à la naissance des images et du choix des couleurs, l'artiste admet qu'il peint directement, sans contours formels extérieurs, s'attachant à une beauté authentique que, seule, peut percevoir la vision spirituelle intérieure.

Comme Nikolaï Vassiliévitch le dit lui-même : « Je ne cherche pas dans la peinture à rendre (…) la matière dans toute sa complexité et son objectivité, il s'agit plutôt de créer une substance tout en lumière et en couleur (…) ».

Dans cette atmosphère lumineuse, présente dans chaque tableau de l'artiste, les objets réels passent souvent dans une dimension éphémère, tandis que des images de nature spirituelle peuvent acquérir une réalité et une présence palpables et authentiques. Mais jamais elles ne sont déconnectées du monde réel et des gens. Derrière chaque tableau il y a une pensée tournée vers l'humain.

Ainsi, les thèmes dédiés aux mythes de la Grèce antique tiennent une grande place dans l'œuvre de Nikolaï Vassiliévitch : ils concentrent en eux l'expérience des siècles, la sagesse des millénaires. Prométhée, qui a donné le feu aux hommes, et en somme la vie ; Hélios, se déplaçant sur son char doré sur une voûte céleste nacrée ; le Titan portant le poids de la voûte céleste : ils constituent pour le spectateur autant d’incarnations vivantes de vérités universelles. Ils promeuvent la foi en l'homme, en la possibilité d’une paix sur terre. Dans le même temps, le sujet mythologique du tableau est toujours dédié à des personnes spécifiques, à leurs exploits. Ainsi, par exemple, le tableau « Atlas soutenant la voûte céleste » est dédié à la mère de l'artiste et à tous ceux qui s’en sont sortis pendant les années de guerre. Ce sont ces images de culture populaire et universelle qui véhiculent des valeurs fédératrices et un noble principe d’humanisme.

La richesse des images et l'étendue de la palette de couleurs propres à la peinture de N. V. Kouzmine sont au service des nobles idéaux que sont la vérité, la bonté et la beauté.

 

 

 

 

L'artiste Natalia Ioustitskaïa
à côté de l'une de ses peintures.

 

 

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